Recréée en juin, la flottille 32F de Lanvéoc-Poulmic (Finistère) a réalisé à partir du 20 juillet ses premières opérations avec le premier détachement H160 FI (flotte intérimaire), mis en place à Cherbourg. En deux mois et demi, une vingtaine de missions avaient été accomplies, a expliqué à RAIDS-Aviation le capitaine de corvette Sébastien Bayet, pacha de la 32F, et un des plus capés sur le nouvel appareil, puisqu’il a fait partie du premier équipage formé, en août 2021 : il aligne désormais 200 heures de vol, dont 60 de nuit, pour un total de 2 300 heures sur Alouette III, Lynx, Dauphin.
Le détachement de Cherbourg compte deux équipages complets. Soit, pour chacun, un commandant de bord, un copilote, un opérateur de bord en charge du treuil et de la boule optronique Euroflir 410, et un plongeur (un mécanicien sol qui détient cette qualification). S’y ajoutent quatre techniciens de la Marine et deux collaborateurs de Babcock (qui fournit les appareils dans le cadre d’une location de dix ans). Ce dispositif suffit à tenir l’alerte 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Les premières missions ont été réalisées aussi bien de jour que de nuit : recherches de personnes à la mer (sans treuillage), évacuations médicales depuis des navires à passagers et des cargos (avec treuillage), ainsi que depuis les Îles anglo-normandes
Au total, une dizaine de personnes ont été assistées. La soute est bien utilisée dans les missions médicalisées, avec six personnes à bord (en comptant le médecin et son infirmier), ce qui laisse juste assez de place pour le patient et la civière qui le porte. Dans ce genre de mission, l’appareil est crédité d’un rayon d’action de 150 nautiques, avec 15 minutes sur la zone d’intervention. « Cela laisse peu de place », reconnaît le capitaine de corvette Sébastien Bayet, qui concède qu’en cas d’urgence le commandant de bord peut être amené à augmenter un peu le nombre de passagers.
Les équipages s’entraînent aux missions les plus complexes en réalisant des vols avec treuillage de difficulté croissante, d’abord sur des plateformes de taille raisonnable puis sur de petits voiliers, souvent en lien avec la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM).
Le H160 FI n’est pas uniquement consacré à la recherche et au sauvetage (SAR), mais plus largement aux missions de secours, protection, intervention (SPI) qui comprennent aussi la lutte contre les pollutions en mer, un sujet récurrent auquel l’appareil de Cherbourg a déjà concouru.
Il est aussi amené à collaborer avec les commandos marine. L’emport d’un tireur d’élite est déjà qualifié ; mais l’emploi de fusils lourds 12,7 mm n’est pas possible, faute d’affût dédié. Une autre capacité intéressante pour les commandos marine (et les fusiliers marins formés) est l’aérocordage ; par contre, des travaux complémentaires doivent être menés avant de la déclarer bonne pour le service. À ce stade, il n’est pas prévu de façon explicite que l’appareil – doté de blindages ajoutés par Babcock au H160 de série – participe à des missions de contre-terrorisme maritime. « C’est envisageable, constate le capitaine de corvette Bayet, on développe encore les capacités nécessaires. »
Avec les retours d’expérience du premier plot de Cherbourg, les deux suivants doivent être opérationnels d’ici la fin de l’année pour Lanvéoc-Poulmic et au premier trimestre pour Hyères. La première machine devrait arriver sur la base varoise dès la fin de l’année, date à laquelle la 32F aura reçu les six machines prévues. C’est une décision d’état-major qui fixe la date à partir de laquelle le détachement est apte à prendre l’alerte.
Fin 2023, la livraison de la sixième et dernière machine permettra de rétrofiter la première, encore équipée de freins électriques, qui seront remplacés par un modèle hydraulique.
D’ici là, la 32F doit terminer la montée en puissance de son personnel. Elle dispose déjà de l’architecture de ses dix équipages : six d’alerte sur trois détachements, et quatre en portion centrale pour la régénération, la formation et le fonctionnement de la flottille.
Les équipages volent beaucoup, grâce à une bonne disponibilité puisque les appareils voleraient entre 30 et 50 heures par mois.
Le rythme sur Cherbourg est plus réduit, du fait de la tenue de l’astreinte, avec une dizaine d’heures par semaine, un niveau jugé « suffisant pour entraîner les équipages et les maintenir en compétence », justifie le capitaine de corvette Bayet.
À Lanvéoc, l’activité aérienne est plus élevée, du fait de la nécessité de former les équipages avant les prochaines ouvertures de détachement.
C’est ce niveau soutenu qui a contribué à décaler les travaux évoqués plus haut en matière d’aérocordage, mais aussi l’expérimentation du sling, prévue dans quelques semaines. Cette capacité peut s’avérer appréciable puisque le H160 peut transporter sous élingue une charge de 1 600 kg pour une très courte distance. Vu le format de la flotte (trois hélicoptères d’alerte SAR à terme pour un parc de six machines), les H160 FI devraient pouvoir prêter main-forte à nombre d’entraînements de la Marine, sans entamer le potentiel d’alerte. À ce stade, il n’est pas prévu d’armer un plot SAR supplémentaire.
La base de Hyères bénéficiera d’une deuxième machine, qui servira en marge de gestion lors des visites périodiques les plus lourdes, réalisées sur le site voisin du Canet-des-Maures par Babcock.
Le H160 profite d’un vivier d’expériences très riches dans la Marine. La flottille a même retrouvé d’anciens personnels qui ont connu le H225 (entre-temps remplacé par le NH90 de la 31F, à Cherbourg et Lanvéoc-Poulmic, où il demeure encore en action dans la mission SAR pour quelques semaines), quelques-uns ont même volé sur Super Frelon, qui reste l’appareil emblématique de la 32F.
Même avec une autonomie de trois heures et demie, l’appareil pourrait être amené à apponter sur un navire de la Marine pour ravitailler en carburant et augmenter sa capacité opérationnelle. Le cas peut aussi se poser pour des missions de liaison, de sling, d’évacuation médicale : les équipages restent donc en carte pour les appontages, avec des entraînements réguliers, même s’ils ne constituent pas le cœur d’activité de la 32F.
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