C’était un point de rendez-vous essentiel pour relancer le VSR700 : le drone d’Airbus Helicopters a réalisé une campagne d’essais début octobre à bord de la frégate Provence, au sud de Toulon. C’est le prototype numéro 2 (PT2) qui a été mobilisé, le PT1 ayant été jugé irréparable (du fait de l’exposition à l’eau salée) après une chute en mer à la fin de la précédente campagne.

Huit heures de vol (en sept sorties) ont été ajoutées au carnet de vol du programme qui en compte déjà une centaine emmagasinées depuis fin 2019. Sorti de la chaîne d’Airbus Helicopters cet été, le PT2 avait, au préalable, réalisé une quinzaine d’heures de vol avant d’embarquer sur la Provence. Les mêmes performances ont été retrouvées sur ce deuxième appareil.

Pour recevoir le PT2, la Provence avait dû être modifiée, notamment avec l’adjonction d’un émetteur en bande Ku placé sous une coupole intégrée sur le toit du hangar hélicoptères, à l’arrière. C’est Naval Group, partenaire d’Airbus Helicopters, qui a réalisé cette intégration (et a fabriqué, à Lorient, le radôme en composites hautes performances), et plus largement celle du VSR700 à bord de la frégate, qui comprenait aussi des calculateurs embarqués, un réseau de câbles à tirer, etc.

La sortie de la Provence n’était pas uniquement dédiée au VSR700. Le programme d’essais a donc dû s’intégrer aussi dans le programme de la frégate, avec en moyenne un créneau de vol quotidien de deux à trois heures disponibles. Deux vols ont été réalisés sur une journée. Les conditions de mer ont été particulièrement propices (état de mer limité à 2), avec un vent également calme pour les normes méditerranéennes : sur son dernier vol, le VSR700 a rencontré sur le pont un vent de 28 noeuds. Tous les décollages et appontages ont été réalisés en mode automatique avec le système ATOL.

« Les deux plus grandes réussites de la campagne sont d’avoir pu montrer que dans un environnement d’un bateau de guerre, avec des émissions électromagnétiques,nous n’avons pas été perturbés et nous n’avons pas perturbé la Provence, affirme le directeur de programme Nicolas Delmas. Et dans cet environnement, nous avons réalisé notre mission ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance), en renvoyant les données vers la frégate. Nous avons démontré aussi l’intérêt que présente un drone bicharge comme le VSR700 par rapport à un drone monocharge. Enfin, nous avons démontré que la fonction ATOL est suffisamment mature pour une entrée en service fin 2026.

Nous sommes arrivés à combiner l’intégralité des éléments en une campagne, on n’aurait pas pu rêver mieux il y a quatre ans lors du premier vol ».

Le VSR700 a réalisé une mission complète de surveillance, détectant au radar Diadès Marine, puis identifiant à la boule optronique MX-10 un objectif qui n’avait pas été acquis par les capteurs de la frégate, et a assuré la transmission des coordonnées ainsi qu’un lancement fictif de missile antinavire Exocet simulé par la Provence.

Pour Naval Group, c’est le quatrième modèle de drone intégré à bord d’un navire de la Marine, après le S-100 de Schiebel expérimenté sur le patrouilleur L’Adroit en 2012, l’UMELB de Boeing sur la frégate La Fayette également en 2012, et le S-100 sur un porte-hélicoptères amphibie à partir de 2017 (les trois navires sont désormais qualifiés et équipés).

Airbus Helicopters attend une décision « avant la fin de l’année », explique Nicolas Delmas, afin de pouvoir être au rendez-vous d’équipement d’une première frégate multimissions (FREMM) fin 2026 et d’une deuxième l’année suivante. Une demi-douzaine de frégates pourrait ainsi être équipée en « deux-trois ans » à la faveur des arrêts techniques prévus, qui permettront de réaliser les modifications nécessaires. « Nous avons terminé une étape du point de vue technique, nous avons produit ce que nous avions promis, allant au bout du contrat. Nous sommes maintenant en discussion avec la Marine et la DGA pour fournir des appareils de série à la Marine fin 2026, puis nous réaliserons un développement incrémental pour atteindre les performances de la Marine à l’horizon 2030 ».

Les premières livraisons de fin 2026 concerneraient un VSR700 quasiment identique aux prototypes testés jusqu’à maintenant, avec quelques modifications mineures sur l’interface personne-machine pour la rendre plus facilement utilisable par les marins. La queue serait aussi repliable pour faciliter le stockage à bord.

Cette version basique évoluerait ensuite vers un appareil légèrement plus performant en endurance (qui passerait de 8 à 10 heures) grâce à des composants plus compacts et légers. Parmi les charges utiles étudiées pour ce deuxième temps figure notamment un détecteur d’anomalies magnétique (MAD, permettant de détecter les masses métalliques des sous-marins) : au Salon du Bourget, le PT1 du VSR700 était présenté avec un MAD XR du Canadien CAE. Le recours à des bouées acoustiques de la gamme de Thales est aussi évoqué.