La 33e escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque (ESRA) poursuit son uniformisation vers le dernier standard du Block 5 (le 2408, qualifié en janvier dernier), tout en élargissant son spectre de missions.
Jusqu’à présent, le Reaper s’était surtout fait un nom au Sahel avec des missions de renseignement à partir de 2014 puis de frappe air-sol à compter de 2019, avant de quitter le continent en 2023, au retrait du Niger.
Progressivement, il a aussi pris sa part dans les dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA) en France, comme le 8 mai dernier (lire par ailleurs), puis gagné une capacité d’entraînement aux frappes air-sol sur le champ de tir de Captieux (depuis plus d’un an) permettant ainsi de simplifier la formation et l’entraînement des personnels dans ce domaine.
En avril-mai, la 33e ESRA vient de surcroît y ajouter la capacité de déploiement en mode agile (concept Morane déjà appliqué de façon routinière dans la chasse) qui a été réalisée pour la première fois à Solenzara (Corse du Sud) avec vingt aviateurs (des mécaniciens et un équipage pour les atterrissages et décollages) et un drone, qui restait contrôlé depuis Cognac durant ses missions. Ce déploiement a aussi permis de réaliser une mission atypique (Solenzara-Cognac), en décollant d’une piste de déploiement avancé pour atterrir sur une autre, en l’occurrence celle de la base mère.
Durant un mois, le Reaper de Solenzara a réalisé des vols opérationnels ISR (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance) non détaillés ainsi que des vols d’entraînement organique.
Avec des vols opérés depuis une île, il est possible que des créneaux de surveillance maritime aient été réalisés : le Reaper Block 5 ne dispose pas de capteurs spécialisés (radar maritime, Automatic Identification System ou AIS), mais il demeure pour autant compétitif dans un tel environnement, avec un radar Lynx disposant de capacités de détection pouvant aller jusqu’à une centaine de kilomètres pour un gros navire (pétrolier, porte-conteneurs), et une bonne partie du trafic AIS peut être consulté à terre, en sources ouvertes. Les capacités maritimes pourront être renforcées dans le prochain standard logiciel du Reaper, à savoir le 2412 qui doit être disponible sous trois ans pour les Block 5 européens (la France, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas sont tous intéressés par ces capacités maritimes). Il autorisera l’emport d’un radar de surveillance maritime sur 360° (deux modèles sont disponibles, fournis par Raytheon et Leonardo) et d’un AIS.
À plus court terme, la 33e ESRA poursuit la transformation induite par le standard 2408 qui doit permettre l’emport des nouvelles capacités offensives (missile antichar Hellfire et bombe guidée laser/GPS GBU-49, s’ajoutant à la GBU-12 guidée par laser, disponible depuis 2019) et du pod d’interception de communications (COMINT). Le Hellfire doit être prochainement opérationnel par contre, la GBU-49 nécessitera encore des travaux complémentaires. Le pod COMINT, lui, n’a pas encore volé en France.
À ce stade, la France n’a pas commandé davantage de capacités pour ses Reaper, partant du principe qu’elles arriveraient avec l’Eurodrone, attendu en fin de décennie.
General Atomics propose des solutions complémentaires, comme un système d’autoprotection, un brouilleur, un pod de renseignement électromagnétique (ELINT pour Electronic Intelligence) ou toutes capacités adaptées à la haute intensité.
Un seul Reaper est actuellement au standard 2408 et dispose également de la capacité Extended Range (ER) qui porte l’autonomie de 24 à 30 heures en mission ISR et de 17 à 24 heures en configuration armée. Le passage à la configuration ER est réalisé par modification du circuit interne du carburant avec la capacité de positionner un à deux réservoirs supplémentaires externes sous les ailes. Dans la pratique, c’est plutôt la configuration dissymétrique qui est utilisée. La France est pour l’instant le seul opérateur européen à disposer de la capacité ER, qui a aussi été retenue par les Italiens et les Néerlandais.
Les six MQ-9 qui seront livrés par General Atomics d’ici 2025 seront nativement au standard 2408. Dans les prochaines semaines, les drones déjà présents à Cognac seront modifiés sur place à ce standard. En 2025, la 33e ESRA devrait donc avoir retrouvé son format initial à douze drones.
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