La loi de programmation militaire 2024-2030 prévoyait un renforcement des capacités outremer. Pour La Réunion, la voie est désormais connue, avec l’annonce d’un des responsables de l’état-major des armées (EMA), le général François-Xavier Mabin, lors d’une audition au Sénat. La première réalisation concrète interviendra avec l’arrivée de deux Cougar de l’armée de Terre en 2028. Cette création est assez logique, car les forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) ont vu les capacités en voilure tournante réduites ces dernières années. Le 6 août 2012, l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) avait rapatrié en métropole ses deux Fennec, et la Marine n’a plus qu’un seul Panther pour deux frégates de surveillance. La relève prévue via des Dauphin N3 loués tarde à arriver de métropole du fait des retards enregistrés par la qualification des dernières configurations de cette flotte.

L’installation de ce détachement, alors que l’armée de Terre manquera toujours à cet horizon d’une dizaine d’hélicoptères de manoeuvre par rapport à son modèle de référence – l’AAE a la même contrainte -, est un signal clair de l’EMA montrant la valeur des deux plots en océan Indien (La Réunion et Mayotte) et d’une perception de besoins opérationnels croissants.

L’environnement régional s’est complexifié ces dernières années. Le risque de piraterie est revenu dans le nord de l’océan Indien, l’islamisme radical est présent au Mozambique, enfin, la surpopulation à Mayotte (liée à l’immigration illégale en provenance des Comores) est régulièrement génératrice de troubles dans l’île. Les Cougar assureront ainsi un prépositionnement permettant de gérer un panel de situations assez large, tout en amenant aux unités de l’armée de Terre (le 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine [2e RPIMa] à La Réunion et le 5e régiment étranger à Mayotte) et du ministère de l’Intérieur (le groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale [GIGN] y possède une antenne, comme le RAID [Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion]) présentes sur place une capacité d’entraînement inédite.

Grâce à l’enveloppe consacrée aux infrastructures (180 millions d’euros), des investissements vont aussi être réalisés sur la base aérienne 181 afin d’améliorer les capacités d’accueil des aéronefs, notamment de mission, qu’il s’agisse des drones Reaper, des avions de surveillance et de renseignement Vador, ou d’avions de surveillance maritime (avec un gabarit augmenté pour l’Albatros, comparé au Falcon 50).

Le site sera aussi plus apte à accueillir des gros porteurs, A400M et Phénix, appelés à opérer plus régulièrement dans la zone, particulièrement les premiers. Le stationnement permanent d’un A400M n’est pas encore à l’ordre du jour au vu des besoins opérationnels actuellement couverts par les deux Casa 235-300 qui doivent principalement assurer l’alerte EVASAN (évacuation sanitaire), les relèves sur les îles Éparses, l’entraînement parachutiste du 2e RPIMa, tout en soutenant la mobilité dans la sous-région des détachements d’instruction opérationnelle (DIO).

Un C-135FR était déjà venu en 2014 avec deux Rafale des forces aériennes stratégiques dans le cadre d’un raid d’élongation. Un duo de chasseurs était revenu avec un Phénix en 2019, puis une nouvelle formation s’était posée en janvier 2022 dans le cadre du déploiement Shikra. Un AWACS (Airborne Warning & Control System) s’est également posé deux jours en 2020.

Ces améliorations d’infrastructures profiteront aussi aux aéronefs alliés. En mars dernier, un P-8 et un C-17 australiens s’étaient déployés dix jours sur la base aérienne 181, et l’Inde dispose (avec réciprocité) d’un droit d’usage de la base française (ce qui vaut aussi pour la base navale).

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