Deux lettres d’intention ont été signées par la Sécurité civile dans le cadre du renouvellement de ses avions bombardiers d’eau. En effet, la flotte actuelle, composée de douze Canadair CL-415, présente d’importants signes d’usure du fait d’une moyenne d’âge dépassant les vingt-cinq ans, et les coûts de maintenance sont en forte augmentation. La flotte est donc en limite d’exploitation.
Étant donné que la production de nouveaux Canadair n’est pas prévue avant la fin des années 2030 et que le Dash 8-Q400 MR n’est plus fabriqué, le renouvellement intégral de la flotte devient alors indispensable, avec un échéancier fixé entre 2030 et 2040.
Deux projets français, le KE72 et le Frégate-F100, ont été sélectionnés par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) pour répondre aux futurs défis de la lutte contre les incendies.
Le Frégate-F100, plus performant que le Canadair
Le Frégate-F100, développé par la startup bordelaise Hynaero, est un avion amphibie bombardier d’eau capable d’écoper sur les mêmes zones que le Canadair. Ses capacités opérationnelles permettront de voler à plus de 450 km/h avec surtout une capacité d’emport plus élevée (10 tonnes au lieu de 6 actuellement). Il possédera une autonomie de vol de plus de 5 heures en convoyage et 4 heures en mission feu.
Conçu avec les dernières technologies, le Frégate-F100 intègre des commandes de vol électriques pour une meilleure précision de pilotage, une sécurité des vols renforcée et un viseur tête haute permettant une intégration des données en temps réel. Il est également prévu d’exploiter les big data via le développement d’un jumeau numérique des avions permettant d’en surveiller l’état et les performances en temps réel.
Le KE72 « Forest Keeper »
Le KE72 est un bombardier d’eau multirôle développé par la société française Kepplair Evolution. Basé sur l’avion de transport ATR-72, il est en cours de transformation en un appareil spécialisé dans la lutte contre les incendies. Il devrait avoir une capacité d’emport de 7 500 litres d’eau, largables soit en flux continu pour créer des barrières de retardant, soit par déversement rapide en 1,2 seconde pour les interventions d’urgence. Outre ses capacités de lutte contre les incendies, il pourrait être utilisé pour des missions de transport de fret grâce à une soute cargo de 75 m³, ou pour des évacuations sanitaires jusqu’à six blessés.
Le KE72 aura le même domaine de vol que l’ATR-72 et pourra donc voler à faible altitude et à basse vitesse, assurant une meilleure précision lors des largages. Sa vitesse de 590 km/h et son rayon d’action lui permettent d’opérer depuis les « pélicandrômes » où il pourra être rechargé en eau ou produits retardants, à l’image des Dash 8-Q400.
En reprenant un appareil fiable, robuste, largement disponible et aux coûts d’exploitation maîtrisés, Kepplair annonce un coût d’exploitation inférieur de 40 % à celui d’aujourd’hui, estimé à 7 808 € pour le Canadair par heure de vol en transit et 18 000 € par heure de vol au combat du feu. Pour le Dash-8, c’est 7 392 € par heure de vol. Ces chiffres sont extraits d’un rapport du Sénat de 2012 et probablement très supérieurs à l’heure actuelle.
L’arrivée du KE72 et du Frégate-F100 permettra à la France, ainsi qu’à l’Europe, de répondre rapidement aux enjeux des feux de forêts dont le rythme et l’intensité s’accroissent chaque année. Ces projets aideront également l’Europe à retrouver sa souveraineté dans ce domaine, alors que les flottes actuelles sont principalement constituées d’appareils nord-américains.
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Theo Manceau, Hynaero, Kepplair
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