Du 4 au 13 mars, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre a mené l’exercice Dragon Fury au large du Var, mobilisant à la fois des hélicoptères (trois Tigre et deux Caïman) du 1er régiment d’hélicoptères de combat (RHC), son propre drone tactique S-100, deux nouveaux modèles de drones aériens, deux drones de surface, trois types de munitions téléopérées (MTO) et… un ballon captif ! Pour la Marine, cet exercice a été l’occasion d’évaluer les capacités des drones, d’optimiser les performances de ses PHA (en défense et en attaque), et de faire comprendre aux industriels impliqués les contraintes opérationnelles ainsi que les attentes des marins. Il s’agissait là du début d’un cycle, puisqu’une bonne partie de ces équipements devrait se retrouver à nouveau impliquée sur des PHA durant l’exercice Polaris 25, en avril-mai, durant près de deux mois.
Plusieurs premières ont été réalisées durant Dragon Fury, à commencer par les premiers tirs réels de MTO depuis un navire.
La solution proposée par Delair et les deux autres fournies par Adroha ont effectué chacune une passe à blanc, puis un tir réel sur une cible flottante en mer, représentant un véhicule. La Marine devra toutefois pousser plus loin les tests de ces MTO pour connaître avec exactitude leur capacité de destruction face à des objectifs peu protégés, tant à terre que sur mer (contre une menace asymétrique, par exemple), ainsi que leur résistance réelle au brouillage (un de leurs points forts annoncés).
La coopération entre drones, ainsi qu’entre drones et aéronefs avec équipage, a également été poussée plus avant. Un S-100 de la flottille 36F a ainsi pu désigner au laser une cible, un groupe d’infanterie porteur d’un missile sol-air, à un Tigre, tout en lui transmettant sa production image. Un mode opératoire fécond qui a déjà vraisemblablement été travaillé en interne à la 36F équipée par ailleurs d’hélicoptères Panther.
La prochaine étape visera à piloter la charge utile du drone depuis le cockpit du Tigre.

De même, un drone aérien DT-46 de Delair a été utilisé pour aller recueillir du renseignement sur une position préalablement décelée par le drone de surface USV600 de Couach.
Le ballon captif d’A-NSE, installé sur le pont du Tonnerre, a aussi permis de détecter des objectifs en lien avec les capteurs, notamment le radar principal, du PHA. Les positions ont ensuite pu être scrutées par un drone aérien. Ce déploiement d’un ballon n’était pas une première, puisqu’un modèle fourni par Hemeria avait été déployé voici quelques mois par le navire de soutien affrété Rebel. Cette fois-ci, le cadre tactique a permis de fournir bien plus de plastrons possibles pour les capteurs du ballon. Le premier essai du Tonnerre s’est révélé prometteur, en particulier en ce qui concerne les phases de gonflage (environ une heure) et de dégonflage du ballon, son emplacement optimal sur le pont, sa capacité à recueillir des bouées AIS (système d’identification automatique des navires), etc. D’autres séquences seront vraisemblablement à réaliser avec ce vecteur afin d’explorer ses capacités de relais de communication et celle à porter d’autres capteurs.
Enfin, le porte-hélicoptères amphibie a cherché à déterminer comment il pouvait utiliser simultanément tous ces nouveaux effecteurs, tout en continuant à déployer ses hélicoptères et ses embarcations amphibies.
Ces actions ont été facilitées par les deux systèmes de fusion de données Crimson de Sopra Steria et Delta Suite d’Impact. Ces derniers permettent de disposer des positions de tous les pions tactiques, allant des sections d’infanterie aux drones en passant par la batellerie et les hélicoptères, tout en faisant remonter les positions ennemies remontées par chacune des unités engagées.