C’est l’une des conséquences directes de la guerre en Ukraine et de l’imminence des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) : l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) va recevoir en fin de premier semestre deux systèmes VL Mica (Vertical Launch Missile d’interception de combat et d’autodéfense). Pour soutenir l’Ukraine, la France a en effet cédé plusieurs systèmes Crotale-NG, qui, de toute façon, devaient finir progressivement leur carrière opérationnelle. Le VL Mica s’était déjà imposé dans les esprits ainsi qu’à l’export, au Maroc notamment, du fait des performances bien connues du missile qui dispose de deux têtes de guidage (radar actif ou infrarouge), en service sur Rafale et Mirage 2000D (version à guidage infrarouge seulement).

MBDA, qui avait peu de temps pour livrer, a relevé le challenge vu l’enjeu pour l’AAE et, évidemment, l’exposition médiatique potentielle liée aux JOP. Challenge partagé avec l’armée de l’Air et de l’Espace qui doit alors former ses personnels et qualifier son matériel avec la DGA en très peu de temps.

Même si cela ne concerne qu’une portion congrue des matériels mis en oeuvre pour les Jeux, les armées vont recevoir des matériels dédiés pour la sécurisation des JOP cet été.

L’AAE doit recevoir de MBDA deux sections de VL Mica — le nombre de lanceurs n’est pas dévoilé à ce stade, pas plus que la date du contrat ou son montant — pour lesquels les formations ont déjà commencé à l’automne dernier. Ces systèmes sol-air remplaceront avantageusement les Crotale-NG obsolescents, même si plusieurs sections de tir seront déployées durant les Jeux olympiques, ne serait-ce que parce qu’elles portent un radar sol-air et une conduite de tir optronique utiles pour contribuer à la détection d’aéronefs suspects.

Le VL Mica porte plus du double en matière de distance que le Crotale (jusqu’à 20 km), et sa version employant le Mica NG (nouvelle génération) fera encore deux fois mieux à partir de 2026. Le lanceur peut utiliser aussi bien la version à guidage radar que celle infrarouge, et tirer en six secondes ses quatre missiles sur autant d’objectifs. Il faut compter dix minutes pour qu’un lanceur soit opérationnel après l’arrêt de son cheminement, et quinze pour recharger, avec deux opérateurs. Trois opérateurs suffisent à la mise en oeuvre d’une section de tir. Le mode de lancement vertical permet une couverture sur 360°. Le plafond maximum d’interception est annoncé à 9 144 m (30 000 pieds). La charge militaire est de 12 kg, soit un peu moins de 10 % du poids total du missile (112 kg). Neuf systèmes VL Mica doivent être en service dans l’armée de l’Air et de l’Espace d’ici 2030, avec une cible à douze en 2035.

Même si la date du contrat demeure inconnue, le délai de livraison semble particulièrement court pour ces deux premières sections de tir. Avantage, l’armée de l’Air et de l’Espace dispose déjà de munitions, utilisées pour ses Rafale (Mica radar et infrarouge) et Mirage 2000D (infrarouge uniquement).

Sur le temps long, les stocks devront être rallongés pour couvrir ce nouveau matériel. Cinq cent soixante-sept Mica NG ont déjà été commandés, et le parc actuel de Mica a fait l’objet d’une rénovation à mi-vie.

L’armée de l’Air et de l’Espace, et possiblement la Marine, doit aussi mettre en oeuvre pour la première fois le système anti-drones Parade, évolution du Milad (moyens interarmées de lutte anti-drones, en service dans les trois armées), à l’occasion des JOP. Les tests en cours doivent déterminer si ce système répond aux performances demandées, faute de quoi un surcroît de Milad pourrait être engagé. Les Britanniques déploieront également un de leurs propres systèmes anti-drones dotés d’un brouilleur.

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