L'annonce a été faite le 18 juin lors du Salon International de l'Aéronautique et de l'Espace du Bourget, quant à la signature conjointe entre Saab et la Direction Générale de l'Armement (DGA), portant sur le renouvellement de sa flotte d'avions à des fins d'alerte et de contrôle (AEW&C (Alerte précoce et contrôle aéroportés), la France devant remplacer la flotte existante composée de Boeing E-3F.

L’accord comprend l’acquisition initiale de deux avions GlobalEye, avec une option pour deux unités supplémentaires. Le contrat comprend, outre l’avion, l’équipement embarqué, la formation (équipages, opérateurs systèmes, personnel de maintenance) et les services de support. Un processus de négociation est en cours et un contrat sera officiellement conclu prochainement.

Cette acquisition marque une étape importante dans la modernisation des capacités de surveillance aérienne en France. Le Boeing E-3F actuellement utilisé est depuis plus de trois décennies en service.

À l’ère de la multipolarité et des menaces transnationales, la maîtrise des technologies de surveillance aérienne s’impose comme un enjeu majeur de souveraineté et de sécurité nationale. C’est dans ce contexte que la France a récemment conclu un contrat stratégique avec Saab pour l’acquisition de l’avion de surveillance GlobalEye, un appareil de pointe doté de capacités technologiques avancées, capable de détecter simultanément des menaces aériennes, terrestres et maritimes sur des distances considérables. Ce partenariat soulève ainsi une question cruciale : dans quelle mesure cet investissement incarne-t-il la volonté française de renforcer son autonomie technologique tout en augmentant ses capacités de surveillance aérienne ? L’analyse de la genèse et des spécificités techniques du GlobalEye, ainsi que l’examen des dimensions diplomatiques, économiques et militaires du contrat franco-suédois, permettront de révéler comment cette acquisition s’inscrit dans une stratégie globale visant à garantir l’indépendance stratégique et à optimiser la dissuasion nationale dans un environnement de plus en plus complexe.

le Saab GlobalEye

C’est une plateforme aérienne extrêmement sophistiquée, combinant radar AESA à haute performance, capteurs multi-spectres, longue endurance et capacités de commandement, offrant ainsi à ses utilisateurs une supériorité technologique significative dans les domaines de la reconnaissance, de la surveillance et de la gestion des opérations aériennes

Il représente un avion de surveillance et de reconnaissance aérienne de dernière génération, intégrant une technologie avancée pour répondre aux exigences modernes en matière de surveillance stratégique et de défense aérienne. Construit sur la plateforme du Bombardier Global 6000, cet appareil allie les performances d’un avion d’affaires long-courrier à une suite d’armements et de capteurs sophistiqués, faisant de lui un système de détection et de commandement aéroporté (Airborne Early Warning and Control, AEW&C) d’exception.

Sur le plan technique, le GlobalEye est équipé du radar à balayage électronique actif (AESA – Active Electronically Scanned Array), un système qui lui confère une capacité de détection simultanée sur plusieurs secteurs et à des distances remarquables. Ce radar, développé par Saab, est capable de surveiller des cibles aériennes, navales et terrestres dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres, avec une portée de détection d’environ 600 kilomètres pour des cibles aériennes de petite taille, telles que les drones furtifs, ce qui représente une avancée significative par rapport aux systèmes antérieurs. La précision et la rapidité de balayage du radar AESA permettent une détection précoce, un suivi continu des menaces potentielles et une gestion efficace de l’espace aérien.

Outre le radar, le GlobalEye embarque une suite complète de capteurs multi-spectres, notamment des caméras infrarouges haute résolution, des capteurs électro-optiques ainsi que des équipements de communication sécurisée interopérables avec d’autres systèmes de défense. Cette combinaison permet un suivi optimal des menaces dans diverses conditions météorologiques et de luminosité, garantissant ainsi une surveillance 24h/24 quelles que soient les contraintes environnementales.

Le rayon d’action du GlobalEye est également remarquable : grâce à son moteur performant et à sa conception optimisée, il peut rester en vol pendant environ 11 heures sans ravitaillement, ce qui assure une couverture prolongée des zones sensibles. Sa capacité à effectuer des missions de longue endurance est cruciale dans le cadre de la surveillance continue des frontières, des espaces maritimes stratégiques, ou encore des zones de conflit.

En termes d’opérations, le GlobalEye permet une fonction de commandement et de contrôle avancée. Grâce à son système intégré de gestion de combat, l’équipage, composé généralement de cinq à sept opérateurs spécialisés, peut analyser en temps réel les informations collectées, coordonner la chasse ou la défense antiaérienne, et transmettre rapidement les données aux forces au sol ou navales. Par exemple, lors de déploiements internationaux, cette capacité de liaison et d’intégration interarmées optimise la réactivité et la synergie des forces alliées.

Enfin, la modularité du système Saab GlobalEye permet des mises à jour technologiques régulières, assurant ainsi sa pérennité face à l’évolution rapide des menaces. La possibilité d’adapter les équipements embarqués en fonction des missions spécifiques (surveillance maritime, lutte antiterroriste, contrôle aérien élargi) en fait un outil polyvalent, capable de répondre aux défis sécuritaires actuels et futurs.

En plus de l’E-3F, le gouvernement français dispose d’une flotte d’E-3 AWACS (Airborne Warning and Control System) avion similaire à ceux utilisés par l’OTAN, les États-Unis et le Royaume-Uni. Ces utilisateurs sont en cours de modernisation et de remplacement par le Boeing E-7 Wedgetail, la France renonçant à cette option de standardisation pour un segment plus petit tel que le GlobalEye. Ce choix pourrait être interprété comme une méfiance manifeste des Français à dépendre des technologies américaines, sous réserve des changements continue d’opinion de l’actuel occupant de la Maison Blanche.