Suite à une nouvelle période d’insécurité en Haïti, la France a décidé d’évacuer ses ressortissants de l’île. La décision a été prise une fois le trafic commercial interrompu, si bien que l’état-major des armées a choisi d’actionner une ressource qu’il avait conservée dans la région : la mission Jeanne d’Arc, formée du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre et de la frégate Guépratte. Mais le groupe-école ne disposait pas cette année d’hélicoptères de manoeuvre (uniquement des Gazelle et un Dauphin) ; l’EMA a donc projeté un module d’alerte des forces spéciales, formé de Cougar (du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales ou 4e RHFS) et de Caracal (qui peuvent provenir aussi bien du 4e RHFS que de l’escadron d’hélicoptères 1/67 « Pyrénées »). Apparemment, seuls des Atlas de la 61e escadre de transport d’Orléans ont été mobilisés pour déplacer ce module aux Antilles, d’où il a ensuite rejoint le Tonnerre.

Les opérations d’évacuation ont duré du 24 au 26 mars, permettant de prendre en compte cent soixante-dix Français (sur les mille cents recensés par le quai d’Orsay en début de crise) et soixante-dix étrangers.

Les hélicoptères sont venus les collecter sur le Centre de regroupement et d’évacuation de ressortissants (CRER) mis en place à Port-au-Prince, avec une zone d’atterrissage sommaire constituée d’un terrain de sport.

Les Cougar et Caracal ont ensuite directement ramené les civils à bord du Tonnerre, dont un des hangars a été transformé en dortoir, les cabines du bord étant déjà occupées par les militaires de la mission Jeanne d’Arc (soldats de l’armée de Terre et élèves de la Marine).

Les interactions sont régulières entre les trois PHA français (Mistral, Tonnerre et Dixmude) et les forces spéciales, commandos comme hélicoptères, car ces navires sont des bases flottantes d’opérations spéciales par excellence.

Les évacuations de ressortissants (RESEVAC) étant, par ailleurs, une des pages du catalogue opérationnel offert par les PHA : le Mistral avait évacué des milliers de civils du Liban en 2006 avec le concours de trois Caracal de l’armée de l’Air. Navire et hélicoptères étaient alors à peine déclarés opérationnels ! Le Dixmude avait été quant à lui impliqué dans la RESEVAC au Yémen en 2015, tandis que le Tonnerre était resté au large d’Abidjan, prêt à intervenir, durant la crise postélectorale ivoirienne en 2011.

La dernière RESEVAC à laquelle avaient participé les armées s’était déroulée au Soudan, menée par les forces spéciales (commandos et C-130), les Atlas et la frégate Lorraine.

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